
Rester propriétaire à Montréal à la retraite est possible, mais exige de passer d’une logique d’épargne à une stratégie d’arbitrages financiers pointus.
- Anticipez la hausse continue des taxes municipales et les coûts d’adaptation de votre logement, qui sont des dépenses inévitables.
- Comparez lucidement le coût du maintien à domicile à celui, souvent explosif, des résidences privées pour aînés (RPA).
Recommandation : La clé de votre longévité financière est d’optimiser l’ordre de décaissement de vos REER et CELI pour minimiser la friction fiscale et préserver votre capital le plus longtemps possible.
Pour de nombreux Montréalais, l’idée de la retraite est indissociable de l’image de leur quartier, de la vie culturelle vibrante et de la proximité des services. Vous avez travaillé fort pour devenir propriétaire dans la métropole et l’idée de devoir quitter votre maison familiale, une fois le revenu d’emploi terminé, est une source d’anxiété légitime. La conversation sur la préparation de la retraite tourne souvent autour d’une seule question : « Combien faut-il avoir épargné ? ». On se fie à des règles de pouce, comme viser 70 % de son revenu annuel, en se concentrant sur l’accumulation dans les REER et les CELI.
Pourtant, pour un couple de cinquantenaires propriétaires à Montréal, cette question est incomplète. Le véritable enjeu n’est plus seulement d’accumuler, mais de préserver. Mais si la clé n’était pas le montant total dans vos comptes, mais plutôt votre capacité à naviguer une série d’arbitrages financiers complexes propres à la réalité montréalaise ? La véritable planification consiste à anticiper des coûts souvent invisibles et à structurer le décaissement de vos actifs pour qu’ils durent aussi longtemps que votre projet de vie urbaine.
Cet article n’est pas un guide de plus sur l’épargne. C’est une feuille de route conçue pour vous, propriétaires montréalais, qui souhaitez transformer l’incertitude en stratégie. Nous allons décortiquer les menaces réelles qui pèsent sur votre budget, explorer les solutions concrètes pour adapter votre domicile à moindre coût, comparer les options de logement de façon réaliste et, surtout, démystifier l’ordre optimal pour utiliser votre argent durement gagné. L’objectif : vous donner les outils pour prendre des décisions éclairées et maintenir votre qualité de vie, là où vous vous sentez chez vous.
Cet article est structuré pour vous guider pas à pas dans cette réflexion stratégique. Explorez les différentes facettes du coût de la retraite à Montréal pour bâtir un plan qui vous ressemble.
Sommaire : Estimer le coût de sa retraite pour rester propriétaire à Montréal
- Pourquoi la hausse des taxes municipales menace-t-elle le budget des retraités propriétaires ?
- Comment financer l’installation d’un ascenseur ou d’une douche adaptée via les crédits d’impôt ?
- Vendre la maison familiale pour un condo ou aller en résidence privée : le comparatif financier
- Le risque de la solitude en ville : comment budgéter ses activités sociales ?
- Problème de liquidités : dans quel ordre retirer ses REER et CELI pour minimiser l’impôt à 70 ans ?
- Quand cotiser au CELI plutôt qu’au REER : la stratégie pour les moins de 40 ans
- Pourquoi le Multiplicateur de Revenu Brut est-il crucial pour évaluer un immeuble à revenus ?
- Comment calculer la rentabilité réelle d’un plex à Montréal avec les taux d’intérêt actuels ?
Pourquoi la hausse des taxes municipales menace-t-elle le budget des retraités propriétaires ?
La première menace, souvent sous-estimée, qui pèse sur le budget des retraités propriétaires n’est pas spectaculaire, mais elle est implacable : c’est l’érosion silencieuse de votre pouvoir d’achat par la hausse des taxes municipales. Pour un budget de retraite qui n’est plus indexé sur la croissance d’un salaire, chaque augmentation de dépense fixe devient un défi. Le budget 2024 de la Ville de Montréal est un exemple concret de cette pression : les taxes municipales connaîtront une hausse moyenne de 4,9 %, ce qui représente une dépense supplémentaire non négligeable qui se répète et s’amplifie chaque année.
Cette moyenne masque toutefois des disparités importantes. Votre lieu de résidence à Montréal a un impact direct sur la pression fiscale que vous subirez. Certains arrondissements voient des augmentations bien plus marquées que d’autres, transformant la planification en un véritable casse-tête local.
| Arrondissement | Hausse 2024 | Impact moyen |
|---|---|---|
| Pierrefonds-Roxboro | 7,2% | Plus forte hausse |
| Anjou | 6,8% | Hausse élevée |
| Ville-Marie | 2,6% | Plus faible hausse |
| Le Plateau-Mont-Royal | 4,9% | Hausse dans la moyenne |
Heureusement, il existe des mécanismes pour atténuer ce choc. Le gouvernement du Québec a mis en place une mesure ciblée pour protéger les aînés à revenu modeste. Il est possible d’obtenir une subvention pour aînés relative à une hausse de taxes municipales. Pour y être éligible, il faut notamment avoir 65 ans ou plus et un revenu familial qui ne dépasse pas 61 200 $ pour l’année 2023. Cette aide peut atteindre 500 $ et constitue un levier essentiel à intégrer dans votre planification budgétaire. C’est un premier exemple concret d’arbitrage : vérifier son admissibilité à ces programmes devient aussi important que de suivre ses placements.
Comment financer l’installation d’un ascenseur ou d’une douche adaptée via les crédits d’impôt ?
Maintenir son style de vie urbain à la retraite signifie aussi pouvoir rester chez soi le plus longtemps possible, en toute sécurité. Le vieillissement s’accompagne souvent de la nécessité d’adapter son logement, des travaux qui peuvent sembler coûteux au premier abord. L’installation d’une rampe d’accès, l’élargissement des portes, la modification de la salle de bain pour une douche sans seuil ou même l’ajout d’un petit ascenseur résidentiel ne sont pas des luxes, mais des investissements dans votre autonomie.
L’idée de décaisser des milliers de dollars de vos économies pour ces projets peut être effrayante. C’est ici qu’interviennent des outils fiscaux puissants, conçus spécifiquement pour alléger ce fardeau. Loin d’être une dépense pure, ces travaux peuvent être en partie financés par les gouvernements via des crédits d’impôt, transformant un coût en un investissement stratégique pour votre bien-être.

Le principal levier à votre disposition est le crédit d’impôt pour l’accessibilité domiciliaire (CIAD) au fédéral et son équivalent québécois. Ces crédits sont conçus pour aider à financer des rénovations admissibles qui améliorent la sécurité et l’accessibilité du domicile. Comprendre comment maximiser ces aides est une étape cruciale de votre planification.
Votre plan d’action pour le crédit d’impôt pour l’accessibilité domiciliaire
- Valider votre admissibilité : Assurez-vous d’être une personne admissible (généralement 65 ans et plus, ou détenant un certificat pour le crédit d’impôt pour personnes handicapées) ou qu’un proche admissible habite avec vous.
- Confirmer les travaux admissibles : Les rénovations doivent avoir un caractère durable et faire partie intégrante de votre logement. Il peut s’agir de barres d’appui, d’une douche à l’italienne, de rampes, ou de monte-escaliers.
- Documenter l’objectif des travaux : Les rénovations doivent permettre à la personne de se déplacer plus facilement, d’accéder à son logement ou de réduire les risques de blessure. Gardez une description claire du projet.
- Conserver toutes les pièces justificatives : Gardez précieusement tous les contrats, factures et reçus. Le plafond fédéral des dépenses admissibles est de 20 000 $ par an, offrant un crédit non remboursable de 15 % (jusqu’à 3 000 $).
- Réclamer le crédit dans vos déclarations : Au moment de produire vos impôts, vous et votre conjoint pouvez vous partager le crédit pour optimiser votre retour fiscal, en fonction de vos situations respectives.
Vendre la maison familiale pour un condo ou aller en résidence privée : le comparatif financier
Face aux coûts d’entretien et aux taxes d’une maison unifamiliale, l’idée de vendre pour une option apparemment plus simple est une étape quasi inévitable de la réflexion. Deux scénarios émergent souvent : l’achat d’un condo plus petit et plus récent, ou le grand saut vers une résidence privée pour aînés (RPA). Cet arbitrage est l’un des plus importants de votre retraite, car il a des conséquences financières et humaines massives. Il faut se méfier des idées reçues.
Vendre la maison familiale permet de libérer un capital important. Cet argent peut servir à acheter un condo sans hypothèque et à bonifier substantiellement vos placements. Sur le papier, le calcul est séduisant : moins d’entretien, des frais de condo prévisibles, et plus de liquidités pour voyager et profiter de la vie. Cependant, cette option n’élimine pas les taxes municipales, les frais de copropriété qui augmentent, ni les coûts potentiels d’aide à domicile si votre santé décline.
L’autre voie, celle de la RPA, promet une vie sans tracas : repas, entretien, activités sociales, et sécurité. Mais cette tranquillité d’esprit a un coût, et il est souvent exponentiel. Une enquête récente de La Presse a mis en lumière des cas concrets à Montréal où les coûts ont explosé. Dans une résidence, une locataire a vu sa facture passer de 5 593 $/mois à 9 328 $/mois, soit une augmentation de 66,8 % en seulement 13 mois. Ces hausses, souvent liées à l’ajout de services de soins, peuvent rapidement anéantir le capital issu de la vente de votre maison.
Étude de cas : l’explosion des coûts en RPA
Une résidente des Jardins Millen à Montréal a témoigné d’une augmentation de sa facture mensuelle de près de 3 700 $, pour atteindre 9 328 $, suite à une réévaluation de ses besoins en soins. Un autre cas rapporté fait état d’une facture annuelle atteignant 84 000 $ en 2022. Ces chiffres démontrent que le modèle « tout inclus » des RPA peut devenir un piège financier si les augmentations de coûts ne sont pas anticipées et plafonnées contractuellement, ce qui est rarement le cas pour les services de soins.
L’arbitrage n’est donc pas simplement « maison vs condo » ou « maison vs RPA ». Il s’agit d’une analyse comparative rigoureuse. Le coût total du maintien à domicile (taxes, entretien, assurances, adaptation progressive, aide à domicile ponctuelle) doit être mis en balance avec un loyer en RPA qui est non seulement élevé, mais surtout, imprévisible et croissant. Souvent, investir dans l’adaptation de sa propre maison se révèle être la stratégie la plus rentable et la plus sécurisante à long terme.
Le risque de la solitude en ville : comment budgéter ses activités sociales ?
La planification de la retraite se concentre souvent sur les aspects matériels : le logement, la nourriture, les soins de santé. Pourtant, un des plus grands risques pour le bien-être à la retraite, surtout en milieu urbain, est immatériel : la solitude. Maintenir un réseau social actif, participer à des activités culturelles et sportives, et simplement sortir prendre un café sont des éléments essentiels d’une retraite réussie. Et ces éléments ont un coût qui doit être explicitement inscrit dans votre budget.
Considérer le budget social comme une « dépense de santé préventive » est une approche judicieuse. À Montréal, les opportunités sont nombreuses, mais elles ne sont pas toutes gratuites. Planifier ce poste de dépense évite de devoir faire des arbitrages douloureux entre une sortie au théâtre et une dépense essentielle. La bonne nouvelle est que la ville offre de nombreuses options pour tous les budgets.

Alors, quel budget prévoir ? Voici quelques ordres de grandeur pour un retraité montréalais :
- Budget minimal (environ 150 $/mois) : Ce budget mise sur les gratuités. La carte OPUS à tarif réduit ou gratuite pour les 65 ans et plus à Montréal est la pierre angulaire. Elle donne accès à un réseau de transport pour rejoindre les nombreuses activités gratuites offertes par les bibliothèques, les centres communautaires et les parcs. Le reste du budget peut couvrir quelques cafés ou des sorties modestes.
- Budget moyen (environ 350 $/mois) : Ici, on ajoute une couche de confort et de régularité. Ce montant peut inclure un abonnement à un centre sportif comme le YMCA (environ 50 $/mois), un budget pour des sorties culturelles occasionnelles (cinéma, expositions), et des rencontres hebdomadaires au restaurant avec des amis.
- Budget confortable (environ 600 $/mois et plus) : Ce niveau de dépense permet une vie sociale et culturelle riche. Il peut financer un abonnement annuel au Musée des Beaux-Arts, des cours à une université du troisième âge (UTA), et des sorties régulières au restaurant et au spectacle sans compter.
La clé est d’identifier le niveau d’activités qui correspond à votre définition d’une vie sociale épanouie et de l’intégrer comme une ligne budgétaire à part entière, au même titre que l’épicerie ou l’électricité. C’est un investissement direct dans votre bonheur et votre santé mentale.
Problème de liquidités : dans quel ordre retirer ses REER et CELI pour minimiser l’impôt à 70 ans ?
Une fois l’épargne accumulée, la question la plus stratégique devient : dans quel ordre dois-je « décaisser » mes différents comptes pour en tirer le maximum ? C’est une question de friction fiscale. Chaque dollar retiré n’a pas le même impact sur votre revenu imposable et, par conséquent, sur votre accès à certains crédits et prestations gouvernementales. Une mauvaise stratégie de décaissement peut vous coûter des dizaines de milliers de dollars en impôts supplémentaires et en prestations perdues sur l’ensemble de votre retraite.
La règle générale, pour la plupart des retraités, suit une logique assez simple mais contre-intuitive pour certains. La voici, par ordre de priorité de décaissement :
- Les comptes non enregistrés : Ce sont vos placements qui ne sont ni dans un REER, ni dans un CELI. Vous devriez utiliser ces fonds en premier. Pourquoi ? Parce que les revenus de placement qu’ils génèrent (intérêts, dividendes) sont imposables chaque année, que vous les retiriez ou non. En les décaissant en premier, vous réduisez cette charge fiscale récurrente.
- Le REER (transformé en FERR) : Le Régime Enregistré d’Épargne-Retraite doit être converti en Fonds Enregistré de Revenu de Retraite (FERR) au plus tard à la fin de l’année de vos 71 ans. Chaque retrait de votre FERR est ajouté à votre revenu et est entièrement imposable. Le but est de gérer ces retraits pour rester dans une tranche d’imposition aussi basse que possible.
- Le CELI (en dernier) : Le Compte d’Épargne Libre d’Impôt est votre meilleur ami à la retraite. Tous les retraits que vous y effectuez sont 100 % non imposables. Ils n’augmentent pas votre revenu net et ne viennent donc pas affecter votre admissibilité au Supplément de Revenu Garanti (SRG) ou à d’autres crédits d’impôt basés sur le revenu. C’est votre fonds d’urgence et votre outil de flexibilité par excellence.
Pour vous aider à visualiser les différentes sources de revenus qui composeront votre retraite (RRQ, PSV, FERR, etc.), le gouvernement du Canada offre un calculateur en ligne. C’est un excellent point de départ pour estimer vos revenus de base. Pour aller plus loin dans l’optimisation, des outils spécialisés existent.
L’outil de Planification du décaissement à la retraite de PWL Capital permet d’optimiser la stratégie de décaissement en fonction de différents scénarios (REER, CELI, non enregistré, RRQ/PSV).
– Retraite 101, Ressources et outils pour la retraite
La planification du décaissement est un exercice dynamique. Il est sage de revoir sa stratégie tous les ans avec un planificateur financier pour l’ajuster aux changements de votre situation et des lois fiscales.
Quand cotiser au CELI plutôt qu’au REER : la stratégie pour les moins de 40 ans
Cette question peut sembler hors sujet pour un couple de cinquantenaires. Après tout, vos grandes années de cotisation sont probablement derrière vous. Cependant, comprendre la logique de l’arbitrage entre le CELI et le REER est une connaissance précieuse, même à votre étape de vie, et ce, pour trois raisons principales. C’est un outil de transmission de savoir, un levier d’optimisation familiale et une protection en cas de retour au travail.
La règle fondamentale est simple : on privilégie le REER lorsque notre taux d’imposition actuel est plus élevé que ce qu’on anticipe à la retraite. La déduction REER est alors très avantageuse. Inversement, on privilégie le CELI lorsque notre taux d’imposition est bas, car on ne « gaspille » pas une précieuse déduction. C’est pourquoi le CELI est souvent recommandé aux plus jeunes, qui débutent leur carrière avec des salaires plus modestes. Ils profitent ainsi d’une croissance à l’abri de l’impôt et gardent leurs droits de cotisation REER pour leurs années de plus hauts revenus.
Premièrement, en tant que parents et futurs grands-parents, vous êtes une source de sagesse pour vos enfants. Leur expliquer cette stratégie peut les aider à prendre un départ financier beaucoup plus solide, en évitant des erreurs coûteuses. C’est une forme de planification intergénérationnelle. Deuxièmement, si l’un de vous envisage un retour au travail à temps partiel à la retraite, vos revenus pourraient être plus faibles. Dans ce cas, cotiser à un CELI avec ce nouveau revenu peut être plus judicieux que de cotiser à un REER. Enfin, si vous avez des droits de cotisation CELI inutilisés, les maximiser peut être une excellente façon de mettre de l’argent de côté pour un projet spécifique (voyage, rénovation), sans que les retraits n’impactent votre revenu imposable.
Comprendre cette dynamique vous donne donc une flexibilité additionnelle. Ce n’est plus seulement un outil d’épargne, mais un levier stratégique pour optimiser la situation financière globale de votre famille, aujourd’hui et pour la génération future.
Pourquoi le Multiplicateur de Revenu Brut est-il crucial pour évaluer un immeuble à revenus ?
Dans votre réflexion sur les différentes façons de générer des revenus à la retraite, l’idée d’investir dans l’immobilier locatif, comme un duplex ou un triplex, peut faire surface. C’est une stratégie avancée qui peut être payante, mais qui comporte des risques et une complexité bien plus élevés que de simples placements. Avant même de plonger dans des calculs de rentabilité complexes, les investisseurs utilisent un ratio rapide pour « sentir » le marché : le Multiplicateur de Revenu Brut (MRB).
Le MRB est un indicateur très simple. Il se calcule en divisant le prix de vente d’un immeuble par ses revenus bruts annuels (la somme de tous les loyers perçus en un an, avant toute dépense). Par exemple, un plex vendu 800 000 $ qui génère 50 000 $ de revenus bruts par an a un MRB de 16 (800 000 / 50 000). Pourquoi est-ce crucial ? Parce qu’il vous donne une mesure de comparaison instantanée entre plusieurs propriétés sur un même marché.
Un MRB plus faible est généralement préférable, car il suggère que vous payez moins cher pour chaque dollar de revenu généré. Si les plex dans un quartier se vendent typiquement avec un MRB de 18, et que vous en trouvez un à vendre avec un MRB de 15, c’est peut-être un signe d’une bonne affaire. Inversement, un MRB de 22 pourrait indiquer que la propriété est surévaluée par rapport à ses revenus.
Cependant, le MRB est un outil de première ligne, pas une analyse complète. Il est « brut » et ne tient compte d’aucune dépense : ni les taxes municipales, ni les assurances, ni l’entretien, ni les rénovations, ni les taux d’intérêt de votre hypothèque. Un immeuble avec un MRB bas peut avoir des coûts d’exploitation très élevés qui annulent sa rentabilité. Le MRB est donc un point de départ, un filtre pour écarter rapidement les propriétés qui semblent hors de prix. Il vous force à vous poser la bonne question : « Combien de fois les revenus annuels suis-je en train de payer pour cet actif ? ». C’est la première étape indispensable avant de se lancer dans une analyse plus fine.
Les points essentiels à retenir
- La hausse des taxes municipales et les coûts d’adaptation du logement sont des dépenses inévitables à la retraite qui doivent être activement budgétées.
- Vendre sa maison pour une résidence privée (RPA) n’est pas une solution miracle; le coût des RPA peut exploser et dépasser les économies réalisées.
- L’ordre dans lequel vous retirez l’argent de vos REER et CELI est aussi crucial que le montant épargné pour minimiser l’impôt et maximiser la durée de vie de votre patrimoine.
Comment calculer la rentabilité réelle d’un plex à Montréal avec les taux d’intérêt actuels ?
Après avoir utilisé le Multiplicateur de Revenu Brut (MRB) pour une première évaluation, le véritable travail d’analyse commence. Calculer la rentabilité réelle d’un immeuble à revenus, surtout dans le contexte montréalais avec des taux d’intérêt fluctuants, est un exercice qui ne laisse aucune place à l’approximation. Oublier une seule ligne de dépense peut transformer un investissement de rêve en un fardeau financier pour votre retraite.
La rentabilité ne se résume pas à « loyers moins hypothèque ». Le calcul du flux de trésorerie net (cash-flow) est ce qui compte vraiment. Voici les étapes et les éléments à ne jamais oublier :
Commencez par les revenus bruts potentiels (tous les loyers à 100 % d’occupation). De ce montant, vous devez soustraire un taux de vacance et de mauvaises créances réaliste (à Montréal, prévoir 3 % à 5 % est prudent). Vous obtenez alors vos revenus bruts effectifs. Ensuite, vient la longue liste des dépenses d’exploitation :
- Les taxes municipales et scolaires : Elles sont incompressibles et en hausse constante.
- Les assurances : L’assurance pour un immeuble locatif est plus chère qu’une assurance propriétaire-occupant.
- L’énergie et les services : Si le chauffage ou l’électricité sont inclus dans les baux, cette dépense vous incombe et peut varier énormément.
- L’entretien et les réparations : Une règle de pouce est de budgéter entre 1 % et 3 % de la valeur de l’immeuble par an pour ce poste. Pour un vieux plex montréalais, être conservateur est de mise.
- La gestion : Même si vous gérez vous-même, votre temps a une valeur. Si vous engagez une firme, comptez entre 5 % et 10 % des revenus.
En soustrayant toutes ces dépenses de vos revenus bruts effectifs, vous obtenez votre revenu net d’exploitation (RNE). Ce n’est qu’à partir de ce montant que vous pouvez soustraire votre service de la dette (vos paiements annuels d’hypothèque, capital et intérêts). Ce qui reste est votre flux de trésorerie net avant impôts. Avec les taux d’intérêt actuels qui augmentent le coût du service de la dette, de nombreux plex à Montréal se retrouvent avec un flux de trésorerie négatif. L’investisseur parie alors uniquement sur l’appréciation du capital à long terme, une stratégie beaucoup plus risquée pour un retraité qui a besoin de liquidités.
Estimer le coût de sa retraite à Montréal est donc moins un calcul unique qu’un plan d’action dynamique. C’est en anticipant ces coûts, en utilisant judicieusement les aides fiscales et en planifiant le décaissement de vos actifs que vous transformerez votre patrimoine immobilier en un véritable pilier pour une retraite sereine et urbaine. Pour mettre en pratique ces conseils, l’étape suivante consiste à obtenir une analyse personnalisée de votre situation auprès d’un planificateur financier.