Publié le 15 mars 2024

En résumé :

  • Évitez les artères bondées; les vrais trésors artistiques et architecturaux se trouvent dans les rues résidentielles et les ruelles.
  • Comprenez l’histoire des escaliers extérieurs pour mieux lire le paysage urbain unique du Plateau.
  • Utilisez les outils numériques gratuits (balados, cartes interactives) pour une expérience riche et flexible, sans le coût d’un tour guidé.

Le Plateau-Mont-Royal ne se visite pas, il se vit. Chaque pas sur ses trottoirs est une invitation à lever les yeux, à s’émerveiller d’une murale colossale qui dialogue avec la brique centenaire, ou à s’interroger sur ces escaliers en colimaçon qui semblent danser sur les façades. Beaucoup de visiteurs se contentent de suivre le courant sur le boulevard Saint-Laurent, cochant les œuvres les plus connues comme on collectionne des cartes postales. Ils admirent les murales du festival, photographient un ou deux escaliers typiques et pensent avoir saisi l’essence du quartier.

Pourtant, cette approche manque le cœur vibrant du Plateau. Elle ignore la poésie silencieuse des rues résidentielles, là où l’art n’est pas une attraction, mais une partie intégrante du quotidien. Et si la véritable clé pour comprendre le quartier n’était pas de suivre un parcours balisé, mais d’adopter la posture du flâneur urbain ? Si l’expérience la plus riche consistait à se perdre volontairement dans le tissu urbain pour découvrir comment les résidents se sont approprié leur espace, transformant des murs anonymes et des arrière-cours en galeries à ciel ouvert et en jardins suspendus ?

Ce guide est conçu pour vous donner les clés de cette exploration authentique. Il ne vous offrira pas une carte rigide, mais des stratégies pour construire votre propre aventure. Nous verrons pourquoi l’architecture locale est si unique, comment dénicher les œuvres cachées loin de la foule et quels outils utiliser pour enrichir votre découverte en solo. Préparez-vous à voir le Plateau non pas comme un musée, mais comme un organisme vivant dont vous allez apprendre à lire le langage secret.

Pour vous immerger dans l’ambiance visuelle de la ville avant même de commencer votre promenade, la vidéo suivante vous offre un aperçu de la richesse de l’art public qui vous attend. C’est le complément parfait aux conseils pratiques de ce guide.

Cet article est votre boîte à outils pour devenir un explorateur autonome du Plateau. Vous y trouverez des réponses aux questions que tout promeneur curieux se pose, des astuces pour optimiser votre parcours et des conseils pour apprécier pleinement le dialogue entre art et architecture qui fait la renommée de Montréal.

Pourquoi les escaliers de Montréal sont-ils à l’extérieur des bâtiments ?

C’est la première question que se pose tout visiteur déambulant sur le Plateau : pourquoi ces magnifiques et périlleux escaliers en fer forgé se trouvent-ils à l’extérieur ? La réponse est un fascinant mélange d’histoire, de réglementation et d’ingéniosité. Loin d’être un simple choix esthétique, cette particularité architecturale est née d’une contrainte. À la fin du 19e siècle, la Ville de Montréal, cherchant à limiter l’étalement urbain et à densifier ses quartiers, a instauré une loi obligeant la construction d’une petite bande de verdure entre le trottoir et la façade des nouveaux bâtiments.

Pour maximiser l’espace de vie intérieur tout en respectant cette règle, les architectes de l’époque ont eu une idée de génie : déplacer les escaliers à l’extérieur. Cela permettait de libérer de précieux pieds carrés à l’intérieur des duplex et triplex caractéristiques du quartier. Une autre raison, souvent citée, est liée à un règlement post-grand incendie de Chicago, qui visait à créer des issues de secours en cas de feu, bien que l’argument de l’optimisation de l’espace reste le plus documenté.

Aujourd’hui, ces structures sont devenues un symbole de l’identité montréalaise. Elles ne sont pas seulement un passage, mais de véritables lieux de vie : on s’y assoit pour jaser avec les voisins, on y dépose des plantes, on y regarde la vie de la rue. Elles sont le théâtre quotidien du quartier, un élément clé du tissu urbain qui force une connexion entre l’espace privé de l’appartement et l’espace public de la rue. Les observer, c’est déjà commencer à comprendre l’âme sociale du Plateau.

Comment relier les plus belles ruelles vertes en une promenade de 5 km ?

Les ruelles vertes sont l’une des plus belles manifestations de l’appropriation citoyenne de l’espace à Montréal. D’anciennes bandes de bitume servant au stationnement et aux poubelles sont transformées par les résidents en havres de paix luxuriants. Créer un itinéraire pour les relier est l’essence même de la flânerie urbaine, car il vous force à quitter les grands axes pour le cœur des îlots résidentiels.

Pour une promenade d’environ 5 kilomètres, un bon point de départ est le parc La Fontaine. De là, vous pouvez construire une boucle qui serpente entre le boulevard Saint-Laurent et la rue Saint-Denis. L’idée n’est pas de suivre une ligne droite, mais de zigzaguer. Un itinéraire possible pourrait être :

  • Départ de l’avenue du Parc La Fontaine, explorez les ruelles juste à l’ouest, entre les rues Rachel et Marie-Anne.
  • Remontez vers le nord en traversant l’avenue du Mont-Royal, en visant les rues parallèles à Saint-Denis comme Drolet et Henri-Julien.
  • Explorez le quadrilatère entre Mont-Royal, Saint-Joseph, Saint-Laurent et Saint-Denis, qui regorge de projets de verdissement.
  • Redescendez vers le sud via les rues parallèles à Saint-Laurent, comme Clark ou De Bullion, pour découvrir d’autres ambiances.

Le secret est d’utiliser une application de cartographie sur votre téléphone et de viser les fines lignes vertes qui indiquent les ruelles entre les blocs d’immeubles. Chaque ruelle est un microcosme avec sa propre personnalité : certaines sont des potagers communautaires, d’autres des terrains de jeux pour enfants, et plusieurs abritent des murales discrètes, commandées par les résidents eux-mêmes. C’est une expérience immersive qui révèle une facette intime et collaborative du quartier.

Ruelle verte du Plateau avec jardins communautaires et résidents qui jardinent ensemble dans une ambiance conviviale

Comme vous pouvez le voir, ces espaces sont de véritables jardins partagés qui renforcent les liens sociaux. En vous y promenant, vous n’êtes plus un touriste, mais un invité silencieux dans le jardin collectif des Montréalais. C’est une facette du tissu urbain que peu de guides traditionnels mettent en avant.

Bottes ou espadrilles : que porter pour 10km de marche sur les trottoirs montréalais ?

Organiser son propre tour est synonyme de liberté, mais aussi de nombreux kilomètres au compteur. Un parcours complet à la découverte des murales et des trésors cachés du Plateau peut facilement représenter plus de 5 à 10 km selon l’itinéraire choisi. Le choix de vos chaussures n’est donc pas un détail, c’est le garant de votre plaisir. Marcher sur les trottoirs parfois inégaux de Montréal, surtout si vous vous aventurez dans les ruelles, demande un équipement adapté à la météo et à la distance.

La question n’est pas seulement « bottes ou espadrilles ? », mais plutôt « quelles conditions vais-je affronter ? ». Le climat montréalais peut être changeant. Une journée ensoleillée de mai peut laisser place à une averse soudaine. L’hiver, la « slush » (un mélange de neige fondue et de gadoue) est un ennemi redoutable pour les pieds non protégés. Il est donc crucial de choisir en fonction de la saison, mais aussi du type de confort que vous recherchez pour une longue marche urbaine.

Le tableau suivant vous aidera à y voir plus clair en comparant les options les plus courantes pour une journée de flânerie sur le Plateau. Il met en balance l’adhérence, le confort et la protection, trois critères essentiels pour une exploration réussie.

Comparaison des chaussures pour une marche urbaine à Montréal
Type de chaussure Conditions idéales Avantages Inconvénients
Bottes de randonnée Hiver, slush, pluie Support cheville, imperméable, adhérence maximale Lourd, moins respirant l’été
Espadrilles de marche Été sec, printemps Léger, respirant, confortable Moins de support, glissant sur surfaces mouillées
Chaussures trail 4 saisons, polyvalent Bon compromis adhérence/légèreté Coût plus élevé

En résumé, l’espadrille de marche (ou « sneaker ») est parfaite pour une journée d’été garantie sans pluie. Pour toute autre saison, ou si le ciel est incertain, la chaussure de type « trail » est le meilleur investissement. Elle offre le parfait compromis entre la légèreté d’une espadrille et l’adhérence et la robustesse d’une botte de randonnée, vous assurant de pouvoir affronter les trottoirs montréalais en tout confort, quelle que soit la météo.

L’erreur de marcher sur les artères principales plutôt que les rues résidentielles

L’erreur la plus commune du visiteur pressé est de croire que l’essentiel de l’art public du Plateau se concentre sur le boulevard Saint-Laurent. Bien que cette artère soit l’épicentre du MURAL Festival, la cantonner à ce seul axe, c’est passer à côté de 90% de la richesse artistique et de la poésie silencieuse du quartier. Les vrais trésors, ceux qui créent une connexion intime avec les lieux, se nichent sur les murs de brique des rues résidentielles calmes.

Marcher sur Saint-Laurent ou Mont-Royal, c’est être dans le bruit, le trafic, le flot commercial. C’est une expérience trépidante, mais superficielle. En bifurquant sur des rues comme Henri-Julien, Drolet, De Bullion ou Clark, le rythme change instantanément. Le bruit s’estompe, remplacé par le son des feuilles dans les arbres et les conversations des résidents sur leurs perrons. C’est dans ce calme que les œuvres se révèlent, non pas comme des panneaux publicitaires, mais comme des cadeaux faits au passant attentif. Elles sont souvent plus petites, plus personnelles, et leur découverte procure une joie bien plus grande.

Étude de cas : La découverte des « Go girls » sur Henri-Julien

Un exemple parfait de ce principe se trouve sur la rue Henri-Julien. En s’éloignant de l’agitation, les promeneurs peuvent tomber sur les « Go girls » de l’artiste français Le Monstr. Cette œuvre, réalisée pour le festival MURAL en 2018, n’est pas sur une artère principale. Elle occupe le mur latéral d’un triplex typique, s’intégrant parfaitement au paysage résidentiel. La découvrir au détour d’une marche est une récompense qui illustre ce que l’on gagne à s’écarter des sentiers battus, comme le documente l’analyse de l’art de rue du quartier. C’est la preuve que l’art le plus marquant est souvent celui qui surprend.

Rue résidentielle tranquille du Plateau avec une murale colorée sur un mur de brique et des passants qui la découvrent

Ces scènes de découverte sont l’âme de la flânerie sur le Plateau. Pour vous aider à provoquer ces moments de surprise, voici une méthode simple pour construire votre propre itinéraire alternatif.

Votre feuille de route pour les trésors cachés

  1. Points de contact : Listez les grandes murales connues sur Saint-Laurent qui serviront de points de départ et d’arrivée.
  2. Collecte : Pour chaque point, identifiez sur une carte les rues résidentielles parallèles (ex: Clark, Saint-Urbain, Henri-Julien, Drolet). Ce sont vos terrains de jeu.
  3. Cohérence : Marchez sur une rue parallèle dans une direction, puis revenez par la suivante. L’objectif est de « peigner » le quartier plutôt que de le traverser.
  4. Mémorabilité/émotion : Soyez attentif aux œuvres plus petites, aux pochoirs, aux collages. Photographiez-les. Elles racontent souvent une histoire plus locale que les murales monumentales.
  5. Plan d’intégration : Intégrez les ruelles vertes dans ces détours pour une expérience encore plus immersive et pour comprendre l’écosystème créatif complet du quartier.

Quand s’arrêter : les 3 cafés stratégiques pour couper votre marche

Une bonne flânerie urbaine n’est pas un marathon. C’est un art qui inclut des pauses contemplatives. Savoir où s’arrêter pour recharger ses batteries, consulter sa carte ou simplement observer la vie locale est aussi important que de savoir où marcher. Sur le Plateau, les cafés ne manquent pas, mais choisir le bon au bon moment peut transformer votre journée. Voici trois archétypes de cafés à intégrer stratégiquement dans votre parcours.

1. Le café « Perchoir Urbain » pour la vue d’ensemble. Cherchez un café situé sur une artère animée comme l’avenue du Mont-Royal, mais avec une terrasse à l’étage ou de grandes fenêtres. Ce type d’endroit est parfait pour votre première pause, après environ une heure de marche. Il vous permet de prendre un peu de hauteur, de regarder l’agitation de la rue d’un point de vue détaché et de planifier la suite de votre itinéraire. C’est un arrêt tactique qui offre une respiration sans vous couper de l’énergie de la ville.

2. Le café « Ruelle » pour l’immersion. À mi-parcours, après avoir exploré plusieurs rues résidentielles et ruelles vertes, trouvez un petit café indépendant, niché sur une rue plus calme comme Laurier Est ou dans une transversale discrète. Ces endroits sont souvent des secrets bien gardés des locaux. Le service y est plus personnel, l’ambiance plus feutrée. C’est l’arrêt idéal pour se sentir, le temps d’un latté, comme un résident du quartier. C’est un moment d’ancrage dans le tissu social local, loin de l’anonymat des grandes chaînes.

3. Le café « Arrêt du Flâneur » pour la contemplation finale. En fin de parcours, alors que la fatigue se fait sentir, choisissez un café près d’un parc, comme le parc La Fontaine ou le Square Saint-Louis. Optez pour un banc avec votre café à emporter ou une table en terrasse face à la verdure. Cette dernière pause n’est pas pour planifier, mais pour digérer. C’est le moment de feuilleter vos photos, de relire vos notes et de laisser décanter les images et les émotions de la journée. C’est une conclusion douce et réfléchie à votre exploration, un sas de décompression avant de retrouver le rythme rapide du reste de la ville.

Comment voir la Basilique et le Marché Bonsecours en 2h sans courir ?

Bien que notre exploration se concentre sur le Plateau, un séjour à Montréal serait incomplet sans une incursion dans le quartier historique du Vieux-Montréal. Si votre temps est compté, il est tout à fait possible de visiter deux de ses joyaux, la Basilique Notre-Dame et le Marché Bonsecours, en deux heures, à condition d’être stratégique. L’astuce est de remplacer la flânerie par un parcours optimisé.

La première étape, et la plus cruciale, est de réserver en ligne votre billet horodaté pour la Basilique Notre-Dame. Cela vous évitera une file d’attente qui peut facilement vous coûter 30 à 45 minutes. Prévoyez environ 45 minutes à l’intérieur. Ne vous dispersez pas : concentrez-vous sur trois éléments majeurs. Admirez d’abord le grand orgue Casavant, puis dirigez-vous vers l’autel spectaculaire de la chapelle du Sacré-Cœur, et terminez par l’étude des vitraux qui, chose rare, ne racontent pas des scènes bibliques mais l’histoire religieuse de Montréal.

Pour rejoindre le Marché Bonsecours, évitez la foule de la rue Saint-Paul. Empruntez plutôt des rues parallèles et des passages moins fréquentés comme la ruelle des Fortifications ou la rue Saint-Dizier. Le trajet à pied vous prendra environ 15 minutes. Une fois au marché, n’essayez pas de visiter toutes les boutiques. Fixez-vous un objectif de 45 minutes et ciblez deux ou trois boutiques d’artisans québécois emblématiques pour avoir un bel aperçu du savoir-faire local, que ce soit en joaillerie, en mode ou en métiers d’art. Cette approche ciblée vous permet de voir l’essentiel sans jamais avoir l’impression de courir.

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– Tourisme Montréal, Montreal Murals 101 Guide

Tour organisé ou découverte solo : quelle option pour comprendre les œuvres cachées ?

Face à la densité d’œuvres sur le Plateau, une question se pose : faut-il se laisser guider par un expert ou partir à l’aventure par soi-même ? Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, seulement un choix à faire en fonction de vos attentes, de votre budget et de votre personnalité. Chaque option offre une expérience de « compréhension » des œuvres radicalement différente.

Le tour organisé offre un confort indéniable. Le guide, souvent un expert en histoire de l’art ou un acteur de la scène du street art, vous livrera des anecdotes, des clés de lecture sur les techniques des artistes et le contexte de création de chaque murale. Certains tours donnent même accès à des espaces privés ou des cours intérieures, révélant des œuvres totalement invisibles depuis la rue. C’est l’option de la profondeur contextuelle, idéale pour ceux qui veulent un savoir structuré et des réponses directes à leurs questions.

À l’opposé, la découverte en solo est l’école de la liberté et du regard personnel. Elle ne signifie pas pour autant une exploration ignorante. Aujourd’hui, votre téléphone intelligent est votre meilleur guide. Des applications comme celle du MURAL Festival ou le site Art Public Montréal proposent des cartes interactives et des informations sur chaque œuvre. Certains parcours sont même accompagnés de balados, où la voix d’un narrateur vous guide d’une œuvre à l’autre. C’est le cas du balado « Sur les murs du Plateau », qui propose une exploration thématique entre les stations de métro Laurier et Mont-Royal, vous laissant le loisir de pauser, de faire un détour et de vivre la ville à votre propre rythme. Cette option privilégie le sentiment de découverte et l’interprétation personnelle.

Pour vous aider à choisir l’approche qui vous correspond le mieux, le tableau suivant synthétise les avantages et les contraintes de chaque option, incluant les outils numériques qui permettent une expérience solo enrichie. Cette comparaison est basée sur les informations disponibles, notamment celles fournies par des plateformes comme le répertoire des tours d’Art Public Montréal.

Tour guidé vs découverte autonome avec outils numériques
Option Avantages Coût Flexibilité
Tour guidé professionnel Accès espaces privés, expertise approfondie 25-50$/personne Horaires fixes
Balado Art Public Montréal Gratuit, narration professionnelle, pause possible Gratuit Total
Application MURAL Festival Carte interactive, mise à jour annuelle Gratuit Total
Tours hybrides Combine autonomie et expertise Variable Moyenne

À retenir

  • L’exploration en solo, armé des bons outils numériques, est souvent la meilleure façon de capturer l’esprit authentique du Plateau.
  • L’art public n’est pas qu’une décoration; c’est un dialogue constant entre les artistes, la ville et le quotidien de ses résidents.
  • La clé d’une visite mémorable est de délaisser les boulevards bruyants au profit de la poésie des rues calmes et des ruelles transformées.

Comment réussir un parcours photo dans le Vieux-Montréal en évitant la foule de touristes ?

Appliquer la mentalité du flâneur à un quartier aussi iconique et fréquenté que le Vieux-Montréal demande une stratégie différente. Ici, le défi n’est pas de trouver la beauté, mais de pouvoir la capturer sans la foule. Pour le photographe, le secret ne réside pas dans le lieu, mais dans le temps. Le Vieux-Montréal appartient aux lève-tôt.

Pour réussir votre parcours photo, vous devez devenir un chasseur de lumière matinale. Arriver avant 6h du matin en été est la règle d’or. À cette heure, les rues pavées sont désertes, baignées dans la lumière dorée et douce de « l’heure dorée ». Les groupes de touristes dorment encore, vous laissant le champ libre. Commencez votre parcours par des lieux qui sont habituellement bondés, comme la Place Jacques-Cartier ou la Cour Le Royer, un espace plus méconnu mais incroyablement photogénique avec ses bâtiments de pierre grise.

Jouez avec les perspectives pour minimiser les rares passants matinaux. Utilisez un objectif grand-angle en contre-plongée pour accentuer l’architecture et faire disparaître les gens du cadre. Ne vous contentez pas des vues d’ensemble. Le Vieux-Montréal est riche en détails qui racontent une histoire : un heurtoir de porte en fonte, une enseigne ancienne, la texture d’un mur de pierre. La photographie de détail vous permet de créer une série intime et personnelle, loin des clichés habituels. Explorez les passages cachés, comme celui menant à la rue Saint-Amable, pour des cadres uniques. Enfin, terminez votre session aux quais de l’Horloge pour capturer l’heure bleue, juste avant que le soleil ne se lève complètement, offrant un contraste saisissant entre le ciel et les lumières de la ville qui s’éteignent.

Maintenant que vous avez toutes les clés en main, des astuces pratiques aux stratégies d’exploration, il ne vous reste plus qu’à vous lancer. La plus belle visite du Plateau sera celle que vous aurez construite vous-même, au gré de vos envies et de vos découvertes. Chaussez vos meilleures espadrilles, chargez votre téléphone et partez à la conquête de la poésie urbaine qui vous attend au coin de chaque rue.

Rédigé par Gabrielle St-Pierre, Journaliste culturelle et guide touristique certifiée, passionnée par l'histoire et la gastronomie de Montréal. 15 ans d'exploration des quartiers, des festivals et des scènes culinaires.