Publié le 15 mai 2024

Pour louer légalement à court terme à Montréal, l’obtention d’un numéro CITQ n’est que la première étape d’une stratégie de conformité rigoureuse.

  • La légalité de votre projet dépend entièrement du zonage de votre arrondissement, plusieurs interdisant purement et simplement toute nouvelle location.
  • La rentabilité est directement impactée par l’obligation de percevoir et remettre la TPS/TVQ (14,975 %) dès le premier dollar de revenu.

Recommandation : Validez la conformité de votre zone avant toute chose et budgétez les coûts fiscaux et opérationnels pour éviter que votre projet ne devienne une source de pertes financières et de tracas légaux.

L’idée de rentabiliser votre condo montréalais pendant vos absences grâce à Airbnb est séduisante. Un revenu d’appoint qui semble facile à générer, une façon d’amortir une hypothèque aux taux grimpants. Cependant, ce projet peut rapidement se transformer en un parcours semé d’embûches réglementaires, de craintes d’inspections de Revenu Québec et de possibles amendes salées. De nombreux propriétaires se contentent de penser qu’il suffit de s’inscrire sur une plateforme pour commencer à louer, ignorant la complexité du cadre légal québécois.

Les conseils habituels se limitent souvent à « obtenez un numéro CITQ » ou « déclarez vos revenus ». Or, ces recommandations survolent le cœur du problème. La véritable question n’est pas simplement d’obtenir un numéro d’enregistrement, mais de construire une véritable forteresse réglementaire autour de votre activité. Il s’agit de comprendre les subtilités du zonage, d’anticiper les obligations fiscales dès le premier jour et de mettre en place une opération défendable qui puisse résister à la surveillance accrue des autorités municipales et provinciales. L’enjeu est de transformer la peur de l’illégalité et des sanctions en une sérénité rentable.

Cet article vous guidera à travers les étapes cruciales pour bâtir cette conformité. Nous analyserons les restrictions par arrondissement, les mesures de sécurité essentielles, les obligations fiscales incontournables et les calculs de rentabilité réalistes dans le contexte montréalais actuel, afin que vous puissiez prendre une décision éclairée et sécuritaire.

Pour naviguer avec précision dans les méandres de la réglementation montréalaise, ce guide est structuré pour répondre point par point aux interrogations d’un propriétaire-hôte. Le sommaire ci-dessous détaille chaque aspect de votre future opération de location à court terme.

Pourquoi certains arrondissements comme le Plateau interdisent-ils les nouveaux Airbnb ?

La première étape de votre démarche de conformité n’est pas d’obtenir un numéro CITQ, mais de vérifier si vous en avez le droit. La Ville de Montréal a délégué aux arrondissements le pouvoir de réglementer, voire d’interdire, la location touristique à court terme sur leur territoire. Cette politique vise à contrer les effets de la crise du logement, exacerbée par la conversion d’unités résidentielles en hébergements touristiques. Le décalage entre le nombre d’annonces et la légalité est frappant : le marché montréalais compte plus de 14 000 logements Airbnb pour seulement 2 000 enregistrements CITQ valides, ce qui a poussé plusieurs arrondissements à adopter une ligne dure.

Des arrondissements comme Le Plateau-Mont-Royal, Ville-Marie, Lachine, Saint-Laurent ou Verdun ont mis en place des restrictions sévères, allant de l’interdiction totale à la limitation des permis à quelques zones commerciales très spécifiques. Louer sa résidence principale n’est souvent permis que durant la période estivale, et ce, uniquement si le zonage l’autorise. Ignorer ces règles vous expose à un refus de délivrance de votre numéro CITQ et, pire, à des sanctions financières en cas de location illégale.

Vue aérienne de Montréal montrant les zones de restriction Airbnb avec contrastes visuels entre quartiers

Avant d’engager le moindre frais, il est donc impératif de consulter le règlement de zonage de votre arrondissement. Le tableau suivant synthétise la situation dans certains des secteurs les plus prisés, mais une vérification auprès du service d’urbanisme de votre arrondissement demeure la seule source d’information faisant foi.

Cette fragmentation réglementaire, illustrée dans le tableau ci-dessous, montre qu’une adresse peut être conforme tandis que celle de l’autre côté de la rue ne l’est pas. Une analyse détaillée des règles de zonage est donc le fondement de toute opération défendable, comme le détaille le site officiel de la Ville de Montréal.

Statut de la location court terme par arrondissement de Montréal
Arrondissement Résidence principale Résidence commerciale Conditions particulières
Plateau-Mont-Royal Permis (été seulement) Zones très limitées Rue Saint-Denis et Saint-Laurent uniquement
Ville-Marie Permis (été seulement) Secteur M.9 seulement Rue Sainte-Catherine entre Saint-Mathieu et Atateken
Lachine Interdit Interdit Interdiction totale
Saint-Laurent Interdit Interdit Interdiction totale
Saint-Léonard Interdit Interdit Interdiction totale
Verdun Permis (été seulement) Interdit Sauf gîtes autorisés avant juin 2025
Rosemont Permis (été seulement) Plaza Saint-Hubert seulement Gîtes uniquement sur Saint-Hubert Nord

En somme, la localisation de votre propriété est le premier et le plus important filtre. Une validation positive vous permet de passer aux étapes suivantes ; une validation négative met fin au projet de location à court terme, vous évitant des investissements inutiles et des risques légaux.

Comment sécuriser vos effets personnels quand vous louez votre résidence principale ?

Une fois la conformité de votre zone validée, la location de votre résidence principale soulève une préoccupation majeure : la protection de vos biens personnels. Confier son domicile à des étrangers, même pour une courte période, exige la mise en place d’un système de sécurisation robuste. Il ne s’agit pas seulement de protéger des objets de valeur, mais aussi vos données personnelles et votre tranquillité d’esprit. Une bonne organisation est la clé pour transformer cette source d’anxiété en un processus maîtrisé.

La première ligne de défense est physique. Il est essentiel de désigner un ou plusieurs espaces de rangement qui seront inaccessibles aux locataires. Un simple placard ou une pièce entière peut être équipé d’une serrure de qualité. Pour les documents importants, les bijoux ou les appareils électroniques, un coffre-fort ancré constitue un investissement judicieux. Parallèlement, la sécurité numérique ne doit pas être négligée. Configurer un réseau Wi-Fi invité, distinct de votre réseau principal, est une mesure simple mais fondamentale pour protéger vos ordinateurs et données personnelles de toute intrusion.

Étude de cas : Le système de sécurisation d’un superhôte montréalais

Alex Larrègle, superhôte Airbnb dans le Centre-Sud de Montréal, illustre parfaitement l’efficacité d’une bonne organisation. En louant une chambre de son appartement, il a mis au point un système rigoureux : un placard verrouillable pour ses documents, un réseau Wi-Fi invité dédié et une communication très claire sur les espaces privés. Ce protocole lui a permis de réaliser 114 nuits de location en 2024, générant 14 900 $ de revenus sans le moindre incident de sécurité, prouvant qu’il est possible de concilier rentabilité et protection de ses biens.

Enfin, la protection doit aussi être contractuelle et assurantielle. Un avenant d’assurance habitation spécifique à la location à court terme est indispensable. Votre police de base ne couvrira probablement pas les dommages survenus dans ce contexte. Des assureurs comme Intact ou Desjardins proposent des produits adaptés qui représentent un coût additionnel, mais une protection nécessaire.

Votre plan d’action pour sécuriser votre résidence

  1. Points de contact : Listez tous les points d’accès physiques (portes) et numériques (Wi-Fi) à sécuriser.
  2. Collecte : Inventoriez les objets de valeur, documents sensibles et appareils à isoler (passeports, ordinateurs, bijoux).
  3. Cohérence : Confrontez vos solutions de sécurité (serrure, coffre-fort, Wi-Fi invité) à votre police d’assurance. L’assureur exige-t-il des mesures spécifiques ?
  4. Mémorabilité/émotion : Séparez les objets ayant une valeur sentimentale unique. Ceux-ci doivent être la priorité de votre sécurisation.
  5. Plan d’intégration : Établissez un budget (serrure intelligente, avenant d’assurance, coffre-fort) et un calendrier de mise en place avant votre première location.

Ces mesures, loin d’être des contraintes, constituent le fondement d’une location sereine et professionnelle, vous permettant de vous concentrer sur l’accueil de vos invités plutôt que sur la peur du vol ou des dégradations.

Airbnb ou Vrbo : laquelle attire la clientèle la plus respectueuse à Montréal ?

Le choix de la plateforme de location n’est pas anodin ; il s’agit d’une décision stratégique qui influence directement le type de clientèle que vous allez attirer, et par conséquent, le niveau de risque associé à votre activité. À Montréal, les deux acteurs principaux sont Airbnb et Vrbo (faisant partie du groupe Expedia, anciennement connu sous le nom d’Abritel/HomeAway). Bien qu’elles semblent similaires, leurs positionnements et leurs clientèles cibles diffèrent notablement, ce qui a des implications directes sur la gestion de votre propriété.

Historiquement, Airbnb a attiré une clientèle plus jeune et diversifiée, incluant des voyageurs solos, des couples et des professionnels, souvent pour des séjours plus courts de 2 à 4 nuits. La plateforme a d’ailleurs mis en place un algorithme anti-fêtes pour tenter de limiter les réservations à haut risque. De son côté, Vrbo s’est positionné sur le segment des familles et des groupes, avec des séjours moyens plus longs (5-7 nuits) et une tendance à attirer des voyageurs qui planifient leurs vacances plus à l’avance. Cette clientèle est souvent perçue comme étant plus calme et respectueuse des lieux.

Du point de vue de l’hôte, d’autres différences sont à considérer. Airbnb automatise la collecte et la remise de la TPS/TVQ au Québec, une simplification administrative non négligeable. Vrbo offre cette option mais peut aussi nécessiter une gestion manuelle. Les frais de service pour l’hôte sont également un facteur : généralement autour de 3% sur Airbnb contre 5% sur Vrbo. L’arbitrage entre les deux plateformes dépend donc de vos priorités : simplicité administrative et volume de réservations potentielles (avantage Airbnb) ou clientèle perçue comme plus fiable et séjours plus longs (avantage Vrbo).

Le tableau comparatif suivant, basé sur les analyses de ressources spécialisées pour les hôtes québécois, met en lumière les critères clés pour effectuer cet arbitrage de plateforme essentiel.

Comparaison Airbnb vs VRBO pour les hôtes québécois
Critère Airbnb VRBO (Abritel)
Type de clientèle Variée: couples, solo, affaires Principalement familles
Durée moyenne de séjour 2-4 nuits 5-7 nuits
Vérification d’identité ID vérifiée obligatoire Vérification standard
Gestion taxes QC Collecte automatique TPS/TVQ Manuel ou automatique
Communication pré-réservation Messages intégrés Contact direct possible
Frais de service hôte 3% par réservation 5% par réservation
Risque de fêtes Modéré (filtre anti-fête) Faible (clientèle familiale)

En définitive, il n’y a pas de « meilleure » plateforme absolue. Le choix optimal dépend de votre aversion au risque, de votre type de propriété et de votre stratégie de revenus. Pour un propriétaire débutant et craintif, commencer avec Vrbo pourrait offrir une plus grande tranquillité d’esprit, quitte à explorer Airbnb par la suite.

L’erreur de ne pas informer les voisins qui peut mener à une plainte pour bruit

Dans la construction de votre « forteresse réglementaire », un des murs porteurs les plus souvent négligés est la relation avec votre voisinage immédiat. Un voisin mécontent est la source la plus probable d’une plainte pour nuisance sonore, qui peut non seulement entraîner des amendes, mais aussi attirer l’attention des inspecteurs municipaux sur votre activité. L’erreur la plus commune est de penser que la discrétion est la meilleure stratégie. Au contraire, une communication proactive et transparente est votre meilleur outil de prévention.

Avant même d’accueillir votre premier locataire, il est juridiquement judicieux d’informer vos voisins de votre projet de location à court terme. Cette démarche a un double objectif : désamorcer les craintes et établir un canal de communication direct. Une simple lettre ou une discussion de vive voix permet de présenter votre projet comme une activité légale et encadrée. Mentionner votre numéro d’enregistrement CITQ est un signal fort de votre conformité et de votre sérieux. C’est également l’occasion de leur fournir vos coordonnées directes et un numéro d’urgence, leur offrant une solution plus simple et rapide qu’un appel à la police en cas de problème.

Cette approche transforme vos voisins d’adversaires potentiels en alliés. En leur expliquant les règles strictes que vous imposez (pas de fêtes, respect des heures de tranquillité, nombre limité d’occupants), vous les rassurez sur le fait que vous prenez leurs préoccupations au sérieux. L’escouade de surveillance mise en place par des arrondissements comme le Plateau-Mont-Royal est très réactive aux plaintes, et les sanctions sont dissuasives : une amende de 1000 $ pour une première infraction et 2000 $ en cas de récidive, tel que rapporté par les autorités locales.

Une gestion proactive du voisinage passe par des actions concrètes :

  • Rédigez une lettre d’introduction expliquant votre démarche légale.
  • Fournissez un numéro de téléphone joignable 24/7 pour les urgences.
  • Affichez clairement votre numéro CITQ pour rassurer sur votre légalité.
  • Communiquez vos règles principales aux voisins (pas de fêtes, couvre-feu, etc.).
  • Envisagez d’installer un détecteur de bruit (type Minut) qui vous alerte en cas de niveau sonore excessif, vous permettant d’intervenir avant qu’un voisin ne le fasse.

En conclusion, ne sous-estimez jamais l’importance de vos voisins. Une bonne relation, basée sur la transparence et le respect, est une assurance bien plus efficace contre les plaintes que n’importe quelle clause dans votre annonce Airbnb.

Quand déclarer la TPS/TVQ sur vos revenus de location court terme ?

C’est l’un des aspects les plus confus et les plus risqués pour les nouveaux hôtes à Montréal : la gestion des taxes de vente. Contrairement à de nombreuses autres activités de travailleur autonome, la location d’hébergement à court terme est soumise à une règle d’exception. Alors que la plupart des petites entreprises ne sont tenues de s’inscrire aux fichiers de la TPS et de la TVQ qu’après avoir atteint 30 000 $ de revenus annuels, cette exemption ne s’applique pas à la location touristique.

Conformément aux lois fiscales, vous êtes tenu de vous inscrire aux fichiers de la TPS et de la TVQ et de commencer à percevoir les taxes dès le premier dollar de revenu de location à court terme. Cela signifie que chaque nuitée que vous facturez doit inclure les 14,975 % de taxes totales (5 % de TPS fédérale + 9,975 % de TVQ provinciale), une information confirmée par les guides fiscaux pour les hôtes québécois. Omettre cette étape vous expose à un redressement fiscal de la part de Revenu Québec, qui peut réclamer les taxes non perçues, en plus des pénalités et des intérêts.

Heureusement, le processus d’inscription est relativement simple et peut se faire en ligne via le portail Clic Séqur – Entreprises. Une fois vos numéros de taxes obtenus, la plupart des plateformes, dont Airbnb, permettent de les intégrer directement à votre profil pour que la collecte soit automatisée. Vous demeurez cependant responsable de déclarer et de remettre périodiquement ces montants aux autorités fiscales.

Voici les étapes clés pour votre inscription :

  1. Accédez au service en ligne Clic Séqur – Entreprises.
  2. Lancez le service « Inscription d’une entreprise » et sélectionnez les taxes applicables (TPS/TVH et TVQ).
  3. Indiquez la date de votre première location comme date de début de vos activités.
  4. Récupérez vos numéros de taxes (RT pour la TPS et TVQ pour la provinciale).
  5. Saisissez ces numéros dans la section « Taxes et réglementations » de votre profil d’hôte sur Airbnb ou Vrbo pour automatiser la collecte.

L’assujettissement immédiat aux taxes est une contrainte financière importante. Vous devez l’intégrer dans votre calcul de rentabilité, car près de 15% de vos revenus bruts ne vous appartiennent pas et devront être remis à l’État. C’est un facteur qui diminue d’autant votre profit net.

Problème légal : quand et comment reprendre un logement pour y loger un parent selon le TAL ?

Un aspect souvent sous-estimé par les propriétaires qui hésitent entre location traditionnelle et location à court terme est la flexibilité. La gestion d’un bail résidentiel au Québec est strictement encadrée par le Tribunal administratif du logement (TAL), créant des obligations à long terme qui contrastent fortement avec l’agilité offerte par Airbnb. Un cas d’école est la reprise de logement pour y loger un parent proche (un parent ou un enfant).

Avec un bail traditionnel, cette procédure est lourde et soumise à des délais stricts. Vous devez envoyer un avis écrit au locataire au moins six mois avant la fin du bail. Le locataire a le droit de refuser la reprise, ce qui vous oblige à ouvrir un dossier au TAL pour faire valoir votre droit. La procédure peut prendre plusieurs mois, engendrer des frais juridiques et n’est jamais garantie. Si le tribunal juge que la reprise est faite de mauvaise foi, votre demande sera rejetée.

À l’inverse, la location à court terme via une plateforme comme Airbnb vous offre une flexibilité totale. Puisqu’il n’y a pas de bail reconductible, vous reprenez la pleine disposition de votre bien à la fin de chaque séjour. Si vous avez besoin de votre condo pour loger un parent de manière imprévue, il vous suffit de bloquer les dates correspondantes dans votre calendrier. Il n’y a aucune procédure légale, aucun préavis de six mois, et aucun risque de contestation par un locataire. Comme le soulignent des experts juridiques :

La location court terme offre une flexibilité incomparable pour les investisseurs qui pourraient avoir besoin de récupérer leur bien rapidement, contrairement au bail traditionnel qui crée des obligations légales complexes.

– Groupe TCJ Avocats, Article sur la réglementation Airbnb au Québec

Cette liberté a une valeur stratégique considérable pour un propriétaire. Elle permet d’adapter l’usage de son bien à l’évolution de sa situation personnelle sans être prisonnier des contraintes rigides du TAL. Le tableau ci-dessous, qui s’appuie sur l’analyse de cabinets d’avocats spécialisés, résume cet écart fondamental.

Flexibilité Airbnb vs rigidité du bail TAL
Aspect Location court terme (Airbnb) Bail traditionnel (TAL)
Fin de location Automatique à la fin du séjour Reconduction automatique du bail
Préavis de reprise Aucun – liberté totale 6 mois avant fin du bail
Procédure légale Simple annulation de disponibilités Formulaires TAL obligatoires
Contestation locataire Impossible Droit de refus et tribunal
Délai de libération Immédiat après départ 6-12 mois minimum
Coût de reprise 0 $ Frais légaux + indemnités possibles

Cet avantage de flexibilité doit donc être pesé dans la balance face aux contraintes réglementaires et fiscales de la location à court terme. Pour un propriétaire qui anticipe un besoin potentiel de récupérer son logement, c’est un argument de poids en faveur du modèle Airbnb.

Comment inclure les clauses d’entretien du terrain et de déneigement dans le bail ?

Dans le cadre d’un bail résidentiel traditionnel (TAL), il est courant et légal d’inclure des clauses spécifiques transférant la responsabilité de l’entretien paysager ou du déneigement au locataire. Cette pratique permet au propriétaire de réduire ses charges d’exploitation. Cependant, dans le contexte de la location à court terme, cette logique est inversée et non applicable. L’hôte est et demeure toujours responsable de l’ensemble de l’entretien de la propriété, incluant l’accès sécuritaire en toute saison.

Pour un propriétaire de condo ou de plex à Montréal, le déneigement est une charge d’exploitation non négligeable. Il est de votre responsabilité de garantir que l’entrée, les escaliers et les accès sont dégagés et sécuritaires pour vos invités. Tenter de déléguer cette tâche à un locataire de passage est irréaliste et juridiquement risqué. En cas d’accident (une chute sur une plaque de glace, par exemple), votre responsabilité civile serait engagée. Vous devez donc prévoir cette dépense dans votre budget opérationnel. Les coûts peuvent varier, mais il faut estimer entre 400 $ et 700 $ par saison pour le contrat de déneigement d’une entrée de condo ou d’une petite allée de plex, selon les estimations du marché montréalais.

De même, l’entretien du terrain durant la saison estivale (tonte de la pelouse, entretien des fleurs) vous incombe. Ces coûts doivent être intégrés dans votre calcul de rentabilité. Plutôt que de voir cela comme une contrainte, il faut le considérer comme un investissement dans la qualité de l’expérience client. Une propriété bien entretenue et sécuritaire justifie un tarif plus élevé et génère de meilleures évaluations, ce qui est le moteur de votre activité sur les plateformes.

Il n’est donc pas question d’inclure des clauses dans un « bail » Airbnb, car il n’y en a pas. La responsabilité de l’hôte est totale. Votre seule marge de manœuvre est de contractualiser ces services avec des fournisseurs externes fiables et d’intégrer leur coût dans votre structure de prix. Pour les locations de moyenne durée (1 à 6 mois), un contrat spécifique (distinct du bail du TAL) peut être rédigé pour clarifier les responsabilités, mais pour le court terme, la règle est simple : l’hôte est responsable de tout.

En résumé, oubliez la logique du bail traditionnel. En location à court terme, vous n’êtes pas un simple locateur, mais un opérateur hôtelier. L’entretien et la sécurité de votre établissement sont au cœur de votre offre de service et de votre responsabilité.

Points essentiels à retenir

  • La légalité de votre projet dépend à 100% du zonage de votre arrondissement ; vérifiez avant tout.
  • Vous devez percevoir et remettre la TPS/TVQ (14,975 %) dès votre premier revenu de location, l’exemption de 30 000 $ ne s’appliquant pas.
  • La communication proactive avec les voisins est votre meilleure défense contre les plaintes pour nuisance et les amendes.

Comment calculer la rentabilité réelle d’un plex à Montréal avec les taux d’intérêt actuels ?

Évaluer la rentabilité de la location à court terme à Montréal en 2024 exige un calcul lucide, bien loin des estimations optimistes d’avant la réglementation. Avec la flambée des taux d’intérêt et les nouvelles restrictions, le modèle économique a radicalement changé. Il est impératif de mettre en balance les revenus potentiels, désormais limités, avec l’ensemble des coûts fixes et variables pour déterminer si le jeu en vaut encore la chandelle.

La nouvelle réglementation montréalaise, qui restreint souvent la location de résidence principale à la période estivale, change la donne. Par exemple, une location désormais limitée à 3 mois (approximativement du 10 juin au 10 septembre) plafonne votre potentiel de revenus annuels. Si votre condo peut générer 5 000 $/mois en haute saison, votre revenu brut est plafonné à 15 000 $, et non à 60 000 $ comme on aurait pu l’espérer auparavant. De ce montant, il faut soustraire de nombreuses charges qui n’existent pas en location traditionnelle.

Étude de cas : Le dilemme de rentabilité de Jean à Montréal

Le cas de Jean, propriétaire d’un condo, est emblématique. Avec un taux hypothécaire de 6,5%, ses mensualités s’élèvent à 2 800 $. En location traditionnelle, il pourrait obtenir 1 800 $/mois, accusant un déficit mensuel de 1 000 $. Avant les restrictions, Airbnb lui aurait permis de générer 3 500 $/mois en haute saison, couvrant ses frais. Mais avec la nouvelle limitation à 3 mois d’été, sa stratégie n’est plus viable pour couvrir les 12 mois de son hypothèque. De plus, opérer sans certificat CITQ conforme l’expose à la perte de déductions fiscales importantes, selon les nouvelles règles fédérales.

Pour calculer votre rentabilité réelle, vous devez soustraire de vos revenus bruts estimés :

  • Les taxes de vente (TPS/TVQ) : Environ 15% de vos revenus bruts.
  • Les frais de la plateforme : Environ 3% pour Airbnb.
  • Les frais de ménage : Un coût fixe entre chaque location.
  • L’assurance majorée : L’avenant pour location à court terme.
  • Les fournitures : Café, papier de toilette, produits d’accueil, etc.
  • Les coûts d’entretien et de services : Déneigement, électricité, internet.
  • L’amortissement du mobilier et l’usure accélérée de la propriété.
  • Les frais de permis et d’enregistrement CITQ.

Une fois tous ces coûts déduits, le revenu net est souvent bien inférieur à celui d’une location traditionnelle, mais pour une période d’occupation de votre part de 9 mois. L’équation n’est rentable que si les 3 mois de location suffisent à couvrir une portion significative de vos frais annuels, tout en vous laissant la jouissance de votre bien le reste de l’année. C’est un calcul purement personnel.

Pour une prise de décision éclairée, ce calcul de rentabilité détaillé doit être effectué avec le plus grand réalisme, en se basant sur des données conservatrices.

Pour mettre en pratique ces principes et construire une opération de location à court terme qui soit à la fois rentable et parfaitement conforme, l’étape suivante consiste à effectuer un audit complet de votre situation spécifique par rapport à chaque point abordé.

Questions fréquentes sur la location court terme à Montréal

Qui est responsable du déneigement en location Airbnb?

L’hôte est TOUJOURS responsable du déneigement et de l’entretien pour une location court terme, contrairement à un bail traditionnel où cette responsabilité peut être transférée au locataire.

Comment facturer ces coûts dans ma rentabilité?

Incluez 400-700 $ par an pour le déneigement plus 100 $ par mois durant l’été pour l’entretien du terrain dans vos frais d’exploitation fixes lors de votre calcul de rentabilité.

Quid des locations moyennes durées (1-6 mois)?

Pour ces locations hivernales, il est fortement recommandé de créer un contrat spécifique, hors du cadre du bail du TAL, qui précise clairement qui assume la responsabilité du déneigement quotidien par rapport au contrat de déneigement saisonnier.

Rédigé par Marc-André Lavoie, Planificateur financier (Pl. Fin.) et investisseur immobilier spécialisé dans le marché montréalais. Expert en fiscalité des particuliers et gestion de patrimoine depuis 12 ans.